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Marie N’Diaye renoue avec le Baobab et gagne le Goncourt…


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PORTRAIT – L’écrivaine franco-sénégalaise a reçu le prix littéraire le plus prestigieux…

« Elle l’a fait. Marie N’Diaye est la première femme à avoir obtenu le Goncourt depuis 1998. L’objet de sa consécration? Son ouvrage intitulé Trois femmes puissantes (éd. Gallimard), qui regroupe trois récits dont les héroïnes résistent pour préserver leur dignité, entre la France et l’Afrique.

«Un roman, ou trois récits juxtaposés, liés les uns aux autres par des éléments narratifs explicites mais ténus?, s’interrogeait Télérama. Qu’importe ces définitions, quand on se trouve en présence d’un objet littéraire d’une si évidente cohérence, où la puissance imaginative, la profondeur introspective, la maîtrise formelle sont portées à un niveau hors du commun.» Une oeuvre saluée par la critique, sauf peut-être ici, sur le site La République des lettres, qui tempère: «Si la sorcière narratrice et auteur de ce livre a une baguette magique encore un peu pauvrette, elle a d’incisifs moments qui laissent espérer une prise en main plus solide.»

Et Marie N’Diaye d’expliquer, citée par lemonde.fr: «J’ai construit ce livre comme un ensemble musical dont les trois parties sont reliées par un thème récurrent. Ce thème, c’est la force intérieure que manifestent les protagonistes féminins. Norah, Fanta, Khady sont reliées par leurs capacités communes de résistance et de survie.»

Carrière fulgurante

Marie N’Diaye, 42 ans, magnifique visage et yeux endormis, a déjà été sacrée prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe, avant d’entrer en 2003 au répertoire de la Comédie-Française avec Papa doit manger. Née le 4 juin 1967 à Pithiviers (Loiret), d’un père d’origine sénégalaise et d’une mère française, elle a grandi en banlieue parisienne. «La seule chose qui change quand on a une origine africaine, c’est qu’on est noir, c’est visible, explique-t-elle lors d’une interview aux Inrocks. Mais c’est tout. J’ai été élevé uniquement par ma mère, avec mon frère, en France. Pas par mon père, avec qui je n’ai jamais vécu, et que je ne suis pas allée voir en Afrique avant l’âge de 22 ans. J’ai été élevée dans un univers 100 % français».

Elle publie à 18 ans son premier roman, Quant au riche avenir (1985). Remarquée par Jérôme Lindon des éditions de Minuit, elle abandonne rapidement ses études pour se consacrer à l’écriture et enchaîne depuis romans et recueils de nouvelles. Une vingtaine en 23 ans, parus pour l’essentiel chez Minuit puis chez Gallimard. Comédie classique (1988), La femme changée en bûche (1989), La sorcière (1996)… »


« Un métissage tronqué »

« Jusqu’à son dernier roman Trois femmes puissantes, elle n’avait jamais évoqué l’Afrique dans son œuvre pourtant abondante et variée. Elle s’est pour l’instant peu expliquée sur ce choix de « retour aux sources » africaines pour ce dernier roman. C’est à Berlin, où elle vit depuis deux ans avec mari et enfants, qu’elle déclare avoir retrouvé le « chemin du baobab ».Marie Ndiaye refuse l’image de « métisse » ou d’Africaine que de nombreuses personnes ont d’elle : « Cela renvoie une image qui n’est pas la mienne. Mon père est rentré en Afrique quand j’avais un an. Je n’ai jamais vécu avec lui. J’ai grandi en banlieue, je suis 100 % française, avec les vacances dans la Beauce… On pense à tort que j’ai la double nationalité, la double culture. Mais je ne suis pas gênée que l’on dise de moi au Sénégal que je suis africaine. »

« Je regrette depuis toujours de ne pas avoir de double culture alors que j’étais dans une situation idéale pour l’avoir », a-t-elle expliqué à l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique édité à Paris. « Je n’ai pas eu une enfance africaine, je ne l’aurai jamais. À 42 ans, il est trop tard pour acquérir une double culture. Aujourd’hui, j’ai plutôt conscience de ce que c’est de ne pas en avoir, de ce que représente un métissage tronqué dont on n’a que les apparences », a-t-elle ajouté.

Dans un entretien avec Télérama, en septembre 2009, elle revient sur cette relation « un peu étrange et assez lointaine » avec le continent africain : « J’y ai fait un premier voyage relativement tard, vers l’âge de 20 ans, à la fin des années 80 donc, et un second il y a trois ans avec la cinéaste Claire Denis avec qui je collaborais à un scénario. C’est très peu. »
« De ce fait, ma relation à l’Afrique est un peu rêvée, abstraite, au sens où l’Afrique, dans ma tête, est plus un songe qu’une réalité. En même temps, je suis attirée, incontestablement, mais de manière contradictoire, parce que j’aurais pu sans peine faire des voyages plus fréquents là-bas. Mais il y a peut-être de ma part une sorte de crainte, je ne sais pas précisément de quoi », a-t-elle poursuivi.

Elle précise sa pensée dans lesinrocks.com : « la seule chose qui change quand on a une origine africaine, c’est qu’on est noir, c’est visible. Mais c’est tout.[…] J’ai été élevée dans un « univers 100 % français ». Dans ma vie, l’origine africaine n’a pas vraiment de sens – sinon qu’on le sait à cause de mon nom et de la couleur de ma peau. Bien sûr, le fait d’avoir écrit des histoires où l’Afrique est présente peut paraître contradictoire. Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, c’est un lieu qui m’intrigue, me fascine aussi, car je sens que j’y suis radicalement étrangère.

Quand j’y suis et que les gens voient mon nom et la couleur de ma peau, ils pensent que je suis des leurs. Or, par mon histoire, c’est faux. J’ai souvent rencontré des Français qui ont été élevés en Afrique et qui sont plus africains que moi. Alors qu’eux, en Afrique, dans le regard des autres, ils restent étrangers… Ironiquement, c’est en France que je peux paraître étrangère. »
En 1992, lorsqu’un universitaire spécialiste de littérature africaine, Jean-Marie Volet , la sollicite pour la « classer » comme auteur sénégalais, la native de Pithiviers lui répond sèchement dans une lettre : « n’ayant jamais vécu en Afrique et pratiquement pas connu mon père (je suis métisse), je ne puis être considérée comme une romancière francophone, c’est-à-dire une étrangère de langue française, aucune culture africaine ne m’a été transmise. » Elle explique aussi qu’on peut être noire sans être africaine : « il me semblait important de le préciser, ne sachant si vous étudiez aussi des romancières aussi superficiellement africaines que je le suis. »

Au Sénégal, le pays de son père et où se déroule son dernier roman, elle est très peu connue et n’est pas considérée comme un auteur du cru. »

Srce : Wikipédia et 20 minutes.fr

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Une réponse à “Marie N’Diaye renoue avec le Baobab et gagne le Goncourt…

  1. Bravo Mlle Marie N’Diaye pour cette récompense.

     » Marie Ndiaye refuse l’image de « métisse » ou d’Africaine que de nombreuses personnes ont d’elle : « Cela renvoie une image qui n’est pas la mienne. Mon père est rentré en Afrique quand j’avais un an ».

    ______mais au sujet du métissage « tronqué », il n’en sera pas moins que vous êtes « métisse ». appelons « chat » un chat.
    je pourrais être né en chine, être noir ! mais je ne pense pas que je me sentirais chinois, même si je n’aurai jamais mis les pieds en afrique. bien au contraire, c’est le questionnement de soi-même qui doit faire qu’à un moment donné, on est curieux ou pas d’aller découvrir nos racines.

    « pour savoir ou on va sereinement, il faut savoir d’où on vient tout simplement ».

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